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Nefarious Blog!

31 janvier 2008

Le poivre

"Plus on avance dans la vie, plus on est obligé d'admettre que le sel de l'existence est essentiellement dans le poivre qu'on y met." - Alphonse Allais

Plante

poivrePlanteBaie issue d'une plante originaire d'Inde, de la côte de Malabar plus précisément, appelée poivrier, le poivre fait partie de la famille des pipéracées et se présente sous la forme de grappes. Il faut compter environ sept ans pour que la liane produise ses premières baies.

Son nom, Piper Nigrum, du Sanskrit Pippali, est le seul grain à pouvoir être officiellement appelé poivre en France. Les autres variétés doivent préciser leur origine, un qualificatif de goût ou bien une particularité physique comme "poivre long" par exemple.

On distingue par conséquent les vrais et les faux poivres, ces derniers ne bénéficiant pas de l'appellation Piper Nigrum. Ainsi, le poivre rose, très aromatique, est certes légèrement piquant mais provient d'une plante d'Amérique, et non d'Asie. Il en va de même pour le poivre de Jamaique, aussi appelé 4 épices, qui rappelle des saveurs de girofle, cannelle, muscade et poivre noir.

Contrairement aux idées reçues, les différentes variétés de poivre n'en forment qu'une, récoltée à des stades de maturation et de coloration différents. En mûrissant, le poivre passe successivement du vert, au rouge puis au brun. Il ne devient véritablement noir que récolté et séché.

Histoire 

poivrierLe poivre est sans conteste la plus répandue des épices. Universelle, son utilisation est d'ailleurs si lointaine qu'il est difficile, voire impossible, de dater son apparition. On suppose que la Chine et l'Inde l'utilisent depuis déjà longtemps lorsqu'en 330 avant J.C., Alexandre Le Grand en rapporte de ses expéditions en Asie. Plus tard, les Romains l'adoptent rapidement, en le mélangeant tout d'abord à la genièvre, afin de relever certains plats pauvres, ou au contraire afin de masquer le goût des viandes faisandées. Le gastronome romain Apicius fait l’éloge du poivre dans son livre de cuisine « le livre d’Apicius » où il le décrit le poivre comme étant le roi des épices.

Mais plus qu'une épice, le poivre, à l'image du sel, constitue pendant longtemps une monnaie d'échange très recherchée. Lorsque Alaric Ier, roi des Wisigoths, pille la ville de Rome en 410, il prend soin d'emporter avec lui 5 000 livres de poivre, en plus de son gigantesque butin. A cette époque, l'épice sert d'ailleurs très souvent de récompense aux soldats méritants, de Rome ou d'ailleurs.

Au Moyen-Age, bien que le poivre soit plus répandu, il demeure toujours rare, et surtout cher. S'il ne rentre pas directement dans le cadre d'une taxe, comme le sel et sa gabelle, il constitue parfois une monnaie d'échange suffisamment estimable pour payer dettes et impôts. Ce qui rend alors le poivre si précieux réside évidemment dans les grandes distances à effectuer pour s'en procurer. Au même titre que l'or, les épices, et le poivre en particulier, représentent pour les grands voyageurs, comme Christophe Colomb ou Vasco de Gama, l'un des objectifs majeurs de leurs lointaines expéditions.

En France, la place du poivre sera renforcée par le bien-nommé Pierre Poivre. Au XVIIIème siècle, ce gouverneur de Fort-de-France décide de planter des poivriers sur l'île Bourbon (l'actuelle Réunion), alors que jusque-là on n'en trouvait qu'en Asie du Sud-Est. C'est grâce à cette diversification des sites de culture, que le poivre s'est fait de moins en moins rare, son prix finissant par baisser.

A l'heure actuelle, bien que le poivre se cultive au Brésil ou à Madagascar, c'est surtout l'Asie qui se charge d'approvisionner la planète. Plus précisément, l'Inde, le Vietnam, l'Indonésie et la Malaisie en sont les principaux producteurs.

Alimentation
   
Le poivre peut être vendu en grains ou moulu. Fraîchement moulu le grain libère toutes ses saveurs alors que le poivre en poudre perd rapidement en puissance avec le temps (3 mois au grand maximum pour un poivre en poudre conservé à température ambiante).

Les grains de poivre doivent être lourds, compacts, tous de la même couleur et ne pas s'effriter. Il perd toute sa saveur après une cuisson prolongée.

PoivreSteackLe poivre est utilisé dans de nombreuses recettes en tant que constituant de base. C'est le cas de la sauce poivrade, ou du fameux steak au poivre. Cette recette, servie chez Maxim's dans les années 30, est l'oeuvre de maître Albert qui la personnalisa en y joignant du fond de viande, et surtout de la crème, pour donner une sauce où puissance et onctuosité se partagent la vedette.

Familles
   
poivre3couleurs Poivre noir : baie entière, récoltée rouge, et qui une fois séchée, devient noire. C'est le plus piquant de tous les poivres.

Poivre vert : cueilli bien avant maturité, il peut être vendu séché, conservé dans du vinaigre ou du saumur. Moins piquant que le poivre noir, il est en revanche plus fruité.

Poivre blanc : quand il est très mûr, le poivre est bien rouge. Lorsque l'on ne le fait pas sécher tel quel pour donner du poivre noir, on lui retire l'écorce par triturage à l'eau salée avant de le sécher, d'où sa couleur blanche. Ce poivre est le moins puissant des trois, et convient parfaitement aux sauces légères du fait de sa discrétion. Certains chefs utilisent du poivre ultra-blanc, afin de ne pas colorer les sauces, et pour lequel la sélection est effectuée à la main, grain par grain.

On compte également le poivre à queue ou cubèbe, fin et puissant, utilisé dans la confection du ras-el-hanout, mélange d'épices présent dans la cuisine maghrébine, ou le poivre long, de forme oblique, moins fort et aux touches de cannelle. En revanche, le poivre gris n'existe pas en tant que tel, et n'est que le résultat d'un mélange de poivre blanc et noir moulus.

Les meilleurs poivres portent souvent le nom de leur provenance : c'est le cas par exemple du poivre blanc de Tellichery en Inde, du poivre noir de Lampong, de Saigon, ou de Singapour.

Vertues

Composé d'huiles essentielles, de résine et de pipérine, le poivre tire son goût intense de son écorce. Ceci explique la relative douceur du blanc.
Tonifiant, il aiguise l'appétit, tout en favorisant la digestion par sa richesse en sels minéraux. Au fil des siècles, de nombreux chercheurs ont tenté en vain d'en faire un usage médical, notamment contre la douleur.
Mais attention, à haute dose, le poivre peut tout de même s'avérer excitant, voire irritant dans certains cas. 

Piquant

poivrePotLe poivre contient deux molécules hautement irritantes, la capsaïcine et la pipérine.  Lorsque l'on sent du poivre d'un peu trop près, la capsaïcine va entrer en contact avec les neurones sensoriels qui s'irritent et provoque l'éternuement. la pipérine quant à elle excite les nerfs sensoriels et participe aussi à la réaction d'éternuement.

La pipérine

poivreFormuleLa pipérine fut isolée la première fois par un savant Danois mais n’a été étudiée qu’après la seconde guerre mondiale par le pharmacologue Hongrois Nicholas Jancso qui mis en évidence une phase de dessenbilisation après une excitation des nerfs par cette substance. Différentes études de cette molécule et de ses dérivés suivront, mettant en évidence ses nombreuses propriétés biologiques.

La pipérine possède des propriétés antimicrobiennes, anti-inflammatoires, hépatoprotectives, antimutagènes. De plus, elle favorise la biodisponibilité de certaines molécules chimiques dans le corps. En effet, les molécules étrangères à l’organisme (tels les médicaments) sont transformés par des enzymes dont le but est de rendre le produit étranger facilement éliminable par le corps, le plus souvent par voie urinaire. La pipérine inhibe justement de telles enzymes et permet donc l’assimilation au niveau de l’intestin. Si on diminue la transformation du médicament et donc son élimination, des doses plus petites, avec moins d’effets secondaires, peuvent donc être prescrites.

La pipérine agit également en tant que mime des molécules transportant les substances dans l’organisme, assurant ainsi une meilleure répartition du produit actif. Ainsi, on utilise actuellement des traitements contre l’inflammation contenant de la curcumine (principe actif) en association avec de la pipérine (favorisant son assimilation).

In vitro, en présence de pipérine, il a été mis en évidence une assez nette diminution de la prolifération de métastase avec certaines souches de cellules cancéreuses. Il a été démontré une action in vitro de la pipérine sur un parasite, le Trypanosome Cruzi responsable de la maladie de Chagas, agissent en tant qu’inhibiteur de prolifération. Il a même été montré une action de la pipérine sur le repigmenation de la peau lors du vitiligo, une dermatose (maladie de la peau) caractérisée par l’apparition de plaques blanches due à la disparition des mélanocytes.

Insolite

  • La glace au poivre est un dessert de plus en plus apprécié.
  • A l'instar de beaucoup d'autres épices, le poivre gagne peu à peu le domaine du sucre, et s'accommode de plus en plus souvent avec des fruits, comme l'ananas ou les figues. 
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31 janvier 2008

La moutarde

"Le royaume des cieux est semblable à un grain de sénevé qu’un homme a pris et semé dans son champ." - dans "Evangile selon St-Matthieu, XIII, 31"

moutardePlanteLa plante

La moutarde - du latin mustum ardens, moût brûlant - est un condiment préparé à partir des graine d'une plante de la famille des Brassicacées, appelée aussi moutarde. Ces graines sont petites, d'un diamètre approximatif de 1 mm. Leur coloration varie entre le blanc jaunâtre et le noir.

moutardeGrainsOrigine

La moutarde est originaire d'Afrique du Nord et son emploi est connu depuis très longtemps. En français, on l'a d'abord appelée « sénevé » et, par déformation, « sanve ». C'est à Dijon, réputée depuis le XIIème siècle comme plaque tournante du commerce des vins de Bourgogne vers la capitale et où on transformait les vins piqués en vinaigre, qu'on mélangeat des graines de sénevé broyée avec du moût de vin pour créer la moutarde.

À noter que cette pratique de mélanger des graines de moutarde à du moût existait depuis longtemps, puisque Pline l'Ancien - qui a vécu au premier siècle de notre ère - en parlait déjà. Sauf qu'on s'en servait alors comme médicament.

moutardePotAlimentation

On ignore trop souvent que les feuilles de moutarde ont largement été consommées dans le passé, et le sont d'ailleurs encore dans certaines parties du monde, en Asie notamment où plusieurs variétés ont été développées. En Europe, la consommation des feuilles cuites remonte au moins à l'Antiquité. Dans le sud des États-Unis on les fait cuire avec des verdures, du bacon, du vinaigre et du citron. En outre, racines, feuilles, fleurs, gousses vertes de toutes les variétés peuvent être lactofermentées. Tout comme le chou, la plante est très riche en ferments lactiques, ce qui permet de la transformer facilement en choucroute. En Chine, on confit au sel les racines de la moutarde.

Vertues

moutardeOuverteComme la majorité des plantes de la famille des crucifères, la moutarde (ses feuilles) est antiscorbutique, à cause notamment de sa très grande richesse en vitamine C.

Au Moyen Age, on soignait souvent les blessures de guerre en appliquant une couche de moutarde de Maille mélangée à de la poudre d'écrevisse sur la plaie.

Durant les grandes épidémies de fièvre jaune qui enlevèrent des milliers de gens sur les bords du Mississipi, la moutarde se vendait à prix d'or et bientôt, les provisions manquèrent dans les magasins de ravitaillement car le bruit courrait que la moutarde protégeait contre la terrible maladie.

Au XVIIe siècle, le vinaigrier Maille distribuent aux pauvres de Dijon de la moutarde pour les aider à lutter contre les engelures.

Déjà au 6°siècle avant Jésus-Christ, Phytagore, scientifique grec, reconnaît l'importance du cataplasme de moutarde comme antipoison contre les morsures du scorpion car un démon est plus à même de chasser un autre démon et la moutarde, en irritant la peau repousse le poison.

Durant la renaissance italienne où le poison semblait l'arme par excellence pour rejeter tout importun en amour, en affaires ou en honneurs, la moutarde servait d'émétique dès que les crampes d'estomac se taisaient sentir après avoir absorbé un liquide ou de la nourriture car on ne savait jamais si une main malfaisante n'avait pas versé quelques savantes mixtures pour vous envoyer ad padres. Très désagréable à prendre, ce remède a quand même sauvé bien des vies et il est encore utilisé dans la médecine traditionnelle.

100 ans plus tard, son collègue Hippocrate prescrivait une vaste gamme d'antidotes à base de moutarde.

Aux lles Faroe, on composait un emplâtre à partir des graines de moutarde réduites en poudre dont on enduisait la joue dès qu'une rage de dent se faisait sentir. L'huile contenue dans les graines de moutarde est comestible mais on s'en sert surtout dans les produits pharmaceutiques, les articles de savonnerie, de cuir et de laine.

3 sortes de moutardes

moutardeSauceLa moutarde blanche (Brassica alba) : elle pousse à l'état sauvage dans les terrains incultes, peut atteindre de 25 à 60 centimètres jusqu'à 1 mètre de haut; plante à feuilles dentées, velues, pourvue de fleurs jaunes d'avril à juin et qui donne des fruits, les siliques, couverts de poils et contenant des graines gris clair, arrondies qui doivent être décortiquées pour les utiliser. Saveur piquante, presque brûlante, légèrement sucrée, avec une pointe d'amertume.

La moutarde brune (Brassica Juncea), appelée moutarde du Pakistan ou de Chine. Ses feuilles vert pâle ou vert sombre s'ornent de fleurs jaune pâle et produisent des fruits (siliques) qui, à maturité, restent fermés et ne laissent pas tomber leurs graines; celles-ci sont de couleur brun clair à foncé. La saveur est amère et piquante. C'est la plus utilisée.

La moutarde noire (brassica nigra) ou sénevé, peut atteindre 2 mètres environ, feuilles pétiolées, les fleurs d'un jaune éclatant par grappes terminales donnant des siliques contenant des petites graines rondes allant du brun au noir; sa saveur est puissante et piquante. Les fleurs ont un goût sucré, safrané.

Le piquant

La graine de moutarde ne pique pas sous la dent. Elle a du goût, sans plus. Cette épice, utilisée pendant des siècles dans cet état brut (comme de la coriandre, du persil, du poivre, du sel), devient piquante lorsqu'elle passe par un processus chimique.

sinigrineDes graines écrasées plongées dans un liquide quelconque (verjus, vinaigre, vin blanc) fermentent avec le temps. La graine de moutarde renferme de la sinigrine (C10 H17 N O9 S2 K) qui, hydrolisée au contact du liquide par une enzyme (myrosynase) fait apparaître l'allysénévol, huile essentielle qui donne le piquant de la moutarde. C'est la fermentation synapique. Dans les pièces des usines où cette fermentation est mise en œuvre, il est impossible d'y rester plus de quelques secondes car l'allylsénévol pique les yeux et fait pleurer. Cette agressivité de l'allylsénévol ne s'estompe qu'après une courte période de mûrissement (une douzaine de jours).

Préparation

  • Moutarde allemande : douce, faite à partir de graines de moutarde, de sel, d'épices et d'acidifiants. 
  • Moutarde américaine : fine et sucrée, faite à partir de graines de moutarde, de sucre, de sel, d'épices et d'acidifiants.
  • Moutarde de Dijon : forte. Elle est faite à partir de graines de moutarde, de vinaigre, de sel et d'acide citrique.
  • Moutarde douce : cdouce, faite à partir de graines de moutarde, de sel, d'épices, d'acidifiants, de vinaigre de malt, de sucre, de caramel, et de fines herbes.
  • Moutarde forte anglaise : fine et relevée, faite à partir de graines de moutarde, de sel, d'épices, d'acidifiants, de vinaigre de malt, d'huile végétale et de lécithine.
  • Moutarde de grains à l'ancienne : moutarde de Dijon faite à partir de graines de moutarde entières, de sel, d'épices et d'acidifiants. Les graines lui donnent une texture granuleuse et elle est souvent plus douce que la moutarde de Dijon classique.

Il existe aussi plein d'autres sortes de moutarde, notamment à l'estragon, au cassis, aux fines herbes, à la violette, au miel, à la tomate, aux poivrons, aux piments, ...

Insolite

  • En Chine, on emploie les feuilles en cataplasme pour soigner les abcès de l'anus.
  • Pour Pour enlever une tache de moutarde, il suffit de la frotter avec de la glycérine. Lavez ensuite le vêtement à l'eau chaude savonneuse.
  • pour retirer une tache d'encre rouge, badigeonner de moutarde et laissez sécher une nuit. Retirer la matière sèche et laver le vêtement.
  • Dans Wisconsin, il existe un musée de la moutarde.
  • "L'Européenne de condiments", entreprise dijonnaise présente sur le marché de la moutarde depuis 1816 sous la marque Bornier, vient de présenter le "Moutchup", mélange de la traditionnelle moutarde de Dijon et de ketchup.
  • Les graines de moutarde sont utilisées entières dans la choucroute ou pour adoucir certaines préparations acides. Elles ont aussi un effet conservateur et on les retrouve dans des marinades, des conserves, et des préparations à base de vinaigre comme par exemple le bocal de cornichons.
23 janvier 2008

Le Wasabi

Origine

wasabi_pateLe Wasabi ((en latin Wasabia Japonica) est une plante vivace de la famille des crucifères ou brassicacées (brocolis, navets, choux, radis, moutarde, raifort, ...) originaire du Japon qui était était autrefois utilisée comme herbe médicinale. Son nom signifie "rose trémière des montagnes".

La plante

wasabi_planteLe wasabi ne pousse spontanément qu'au Japon et dans l'île de Sakhaline, qui pousse dans les ruisseaux des montagnes depuis les temps anciens. On peut distinguer le Wasabi par la manière de le cultiver, le Sawa-washabi (Wasabi du ruisseau) cultivé dans des plants d'eau artificiels utilisant de l'eau de source ou de ruisseau et le Hatake-wasabi (Wasabi des champs) cultivé dans des champs situés dans des lieux frais (10° à 17°) et humides possédant un bon ensoleillement. Il faut entre 1 et 2 an pour qu'il puisse atteindre une taille correcte ce qui explique son coût élevé.
Au début du printemps cette plante donne d'agréables petites fleurs.

Consommation

On utilise surtout sa racine sous forme de condiment dans la cuisine japonaise. On peut également manger ses feuilles comme un légume ou ses bourgeons marinées dans de la sauce de soja.

Préparation du Wasabi

Wasabi_tubeLe wasabi est fabriqué en râpant la racine finement sur une peau de requin pour obtenir une pâte dans laquelle on incorpore un peu de sauce soja, mais en dehors du pays, il est très difficile de se procurer cette racine fraîche. Son arôme est maximisé en le râpant au dernier moment car son piquant est très volatil et il faut donc l’utiliser rapidement. Pour conserver la racine du wasabi fraîche, on la couvre avec un papier journal mouillé, puis avec un film et on le met dans le frigo. Cela permet de le consommer pendant un mois. On le trouve généralement sous forme de poudre qu'il faut mélanger avec de l'eau ou sous forme de pâte.

Le wasabi s'utilise principalement mélangé à de la sauce de soja pour y tremper les sushi et les sashimi (plat japonais de poisson cru). De façon générale, il agrémente les plats de poisson ou de viande.

Le goût piquant

Le wasabi n'est pas directement piquant. La sinigrine qui se trouve dans la cellule du Wasabi n'exprime pas le gôut piquant (elle est en fait très amère). Lorsque les cellules du Wasabi son détruites une fois râpées ou machées, cette sinigrine sort de la cellule et  rentre en contact avec un enzyme (myrosinase) pour former ensuite la naissance des composants donnant le goût piquant (Allyl isothiocyanate). C'est un moyen de défense du Wasabi face aux attaques et à la consommation par les insectes et animaux ainsi qu'un moyen de prévenir les invasions de germes.

Bienfaits du Wasabi

EIl stimule l’appétit et la digestion et il est très riche en vitamine C. Il est aussi utilisé pour son effet désodorisant qui élimine l'odeur désagréable du poisson et pour son effet anti-bactérien, utile si le poisson n'est pas frais, car très efficace contre les bacilles d'intoxication alimentaire (il agit aussi sur la levure et la moisissure). Autres effets : anticancéreux, anticoagulant, antidiarrhéique, antiasthmatique, anti-inflammatoire.

Anecdotes

  • La plupart des poudres ou pâtes de Wasabi du commerce ne contiennent que très peu de Wasabi, voir pas du tout. Il est généralement remplacé par du raifort et du colorant vert. Ceci est dû au prix élevé du Wasabi.
  • Des chercheurs japonais prétendent que prendre une cuillère de wasabi par jour peut prévenir les caries dentaires grâce à son effet anti-bactérien.

8 janvier 2008

Soumission à l'autorité

"L'oppresseur ne se rend pas compte du mal qu'implique l'oppression tant que l'opprimé l'accepte." - Henry David Thoreau, dans "La désobéissance civile".

L'expérience de Milgram

milgramEn 1963, à l'université de Yale, Stanley Milgram organise une des premières expériences de psychologie sociale sur le concept de soumission à l'autorité.

Cette expérience fût inspirée par le procès d'Adolf Eichmann à Jérusalem. Milgram voulait savoir si Eichmann et des millions d'allemands qui avaint commis des atrocités lors de l'Holocaust n'avaient pu que "suivre les ordres" ou s'ils étaient tous complices. Ses conclusions furent édifiantes.

Le laboratoire a besoin de deux personnes, une pour jouer le rôle du professeur et l'autre pour jouer le rôle de l'élève. Les deux volontaires font rapidement connaissance en attendant d'être convoqués par Milgram, le psychologue qui organise l'expérience. Celui ci leur explique qu'ils vont participer une expérience destinée à vérifier les effets de la punition sur l'apprentissage et la mémoire. Le rôle du professeur est simple. Il suffit de lire à l'élève une liste de 50 paires de mots du genre : Le ciel gris, Le chien jaune, Le chat vert, ... L'élève devra mémoriser les associations de mots et ensuite répondre correctement aux questions du professeur.

Punition

MilgramMachineEn cas d'erreur, le professeur devra administrer à l'élève, une punition sous la forme d'une petite décharge électrique. le voltage des décharges augmentant avec le nombre d'erreurs. Le professeur reçoit une décharge de 45 Volts à titre d'exemple.

Celui qui doit jouer le rôle de l'élève est un complice de Milgram car le but réel de l'expérience est d'étudier la soumission à l'autorité. "L'élève" est donc un acteur spécialement choisi pour son aptitude à faire semblant de recevoir de vraies décharges électriques.

milgram1Milgram qui représente l'autorité scientifique commence le test. A chaque erreur il demande au professeur d'administrer la punition à l'élève, au départ il s'agit de 25 volts mais au fur et à mesure, les décharges deviennent de plus en plus fortes et font crier l'élève de douleur. (75 volts : grognements, 120 Volts : cris de douleurs, protestations pour arrêter l'expérience, 285 Volts : cri d'agonie, au-delà : plus de réactions, coma simulé).

Le but de l'expérience est de savoir jusqu'où celui qui joue le rôle du professeur va accepter de torturer un inconnu sous prétexte qu'une autorité scientifique lui en donne l'ordre. L'élève va supplier le professeur d'arrêter l'expérience tandis que l'expérimentateur va lui ordonner de continuer. Même lorsque l'élève simulera le coma, Milgram ordonnera d'assimiler toute non-réponse à une mauvaise réponse et demandera au professeur de continuer l'expérience. "Continuez c'est très important", "L'expérience requière que vous continuiez", "Il faut continuer et suivre le protocole", ...

Le professeur devra faire un choix: désobéir à l'autorité ou continuer jusqu'à la mort de l'élève. Les résultats sont effrayants ! Sur 40 personnes testées tout niveau social confondu, 67% des professeurs ont étés jusqu'à la décharge maximale. Le reste a abandonné l'expérience vers 300 volts quand l'élève simulait le coma !

Conclusion

MilgramProfesseurBien sûr, ce n'est pas de bon coeur qu'ils ont envoyé des décharges.
Milgram le dit lui même " J'observai un homme d'affaires équilibré et sur de lui entrer dans le laboratoire le sourire aux lèvres . En l'espace de 20 minutes, il était réduit à l'état de loque parcourue de tics, au bord de la crise de nerfs . Il tirait sans cesse sur le lobe de ses oreilles et se tordait les mains. A un moment il posa sa tête sur son poing et murmura "Oh mon dieu , qu'on arrête !" Et pourtant il continua à exécuter toutes les instructions de l'expérience et obéit jusqu'à la fin." Trois semaines plus tard , quand les professeurs était convoqués pour s'expliquer sur leurs comportements sadiques, il rejetaient immanquablement la faute sur l'autorité scientifique.

Ils n'avaient fait qu'obéir aux ordres et rien de plus ! Ils n'avaient rien à se reprocher.

milgramResultmilgramResult

Refus

Il y a tout de même eu une personne qui a refusé. Une femme médecin de 31 ans. A plusieurs occasions lorsque l'élève se plaint, elle se tourne vers l'expérimentateur et demande "Dois-je continuer ?" Elle continue lorsque ce dernie rlui dit de le faire mais arrivé à 210 volts, elle se tourne vers l'expérimentateur et lui dit firmement "Je suis désolée mais je ne crois pas que l'on devrait continuer." L'expérimentateur lui demande de continuer par quatre fois :

  1. "L'expérience requière de continuer jusqu'à ce que l'élève apprenne tous les mots!"
  2. "Les chocs electriques sont douloureux mais pas dangereux. Continuez!"
  3. "Il est absolument essentiel de continuer..."
  4. "Vous n'avez pas d'autre choix que de continuer!"

Mais la femme tient bon, refuse et l'expérience s'arrête. Milgram note qu'elle n'est pas en état de tension, à un parfait contrôle de la situation et que cette désobéissance lui paraît naturelle. Etant elle-même médecin, l'autorité de l'expérimentateur en blouse blanche et l'importance de l'expérience ne semble avoir aucun effet sur elle.

Variantes

Milgram poursuit ses expériences éliminant une par une, grâce à des variantes expérimentales, les circonstances atténuantes d'une telle obéissance : ce n'est ni la blouse blanche, ni le niveau de souffrance du faux cobaye, ni le désir de faire souffrir du sujet qui sont en cause. Ce sont en fait des facteurs complexes tels que le fait de voir la victime ou pas, le fait que l'autorité soit dans la pièce ou non, l'existence d'une dissension au sein de l'autorité, ...

Variante de l'expérience Pourcentage d'obéissance totale
Un homme en blouse blanche donne les ordres 65 %
Une femme en blouse blanche donne les ordres 65 %
L'expérience ne se passe pas dans un labotatoire 48 %
Une personne en civil donne les ordres 20 %
Les ordres sont données par téléphone 22 %
La vicitime est dans la même pièce que le participant 40 %
Le participant doit toucher la victime pour envoyer une décharge 30 %
Plusieurs expérimentateurs dont un qui veut tout stopper 10 %

Soumission librement consentie

On retrouve en fait le comportement d'une personne qui accepte de se confier en tant qu'outil à une autorité quelconque. Dés lors l'exercice de la responsabilité se situe au niveau de cette autorité, le rôle de l'outil étant de remplir sa tâche au mieux sans s'occuper d'éventuels conflits éthiques ou moraux.

On peut définir la soumission de différentes manières, la plus simple étant l'exécution par un individu d'ordres venant d'une autorité.

Dérives

Les plus optimistes voient dans l'obéissance le signe d'une bonne adaptation de l'individu à la société. Malgré cela, on ne peut s'empêcher, en cette fin de 20ème siècle, de se souvenir des formes les plus tragiques qu'à pu prendre le comportement d'obéissance. Eichmann par exemple, était tourmenté de devoir gérer le camp de concentration mais il le fît car il n'avait qu'à classer des papiers assis dans son bureau. L'homme qui mettait le Zyclon-B dans les chambres à gaz justifiait son comportement par le fait d'obéir aux ordres. Il y donc eu une fragmentation d'un acte inhumain qui fait que personne n'est directement confronté aux conséquences de décisions inhumaines; celui qui assume la responsabilité est évaporé.

holocaust

De nos jours

milgramVirtuelBannie depuis 40 ans pour raisons éthiques, l'expérience de Milgram vient d'être reproduite en utilisant le simulation virtuelle. Cette nouvelle étude invitait des participants volontaires à énoncer des séries de mots pour des tests de mémoire. Cette fois, la "victime" était une femme virtuelle. Lorsque cette dernière donnait une réponse incorrecte, une autorité demandait aux participants de donner un choc électrique dont l'intensité devenait de plus en plus forte au fur et à mesure des erreurs.

La femme virtuelle demandait alors avec insistance qu'on termine l'expérience. Sur les 34 participants de l'étude, 23 ont vue et entendue la femme virtuelle et 11 ont communiqué avec elle par interface textuelle.

Les résultats ont montré une différence comportementale et psychologique claire entre les deux groupes, selon qu'il était possible de voir l'humain virtuel ou non. Tous les participants qui n'avaient pas la possibilité de voir cette femme virtuelle ont administré tous les chocs (jusqu'au mortel). Si la femme était visible, "seulement" trois quart des participants ont suivi le protocole jusqu'au bout.

Après l'expérience, on demandait aux participants de dire s'ils avaient pensé arrêter l'expérience. Presqu'une moitié de ceux qui avaient pu voir la femme virtuelle y ont pensé en raison de leurs pensées négatives à propos de l'évènement. Cela a été confirmé par la prise du rythme cardiaque durant l'expérience.

Les résultats ont montré que même si les participants croyaient que la situation était factice, ils répondaient néanmoins comme si elle était réelle. Cela permettra d'utiliser plus systématiquement les environnements virtuels plutôt que les laboratoires dans des situations qui sont impossibles pour des raisons pratiques ou éthiques.

Les expériences de Milgram montrent que

  • Certaines situations peuvent amener les gens à commettre des actes que les autres personnes jugent immoraux

  • Certaines situations peuvent amener les gens à commettre des actes qu'ils jugent eux-mêmes immoraux

  • La personnalité de certains individus les pousse à accepter de commettre des actes immoraux si une autorité légitime le leur demande

  • Les pulsions agressives que nous avons tous en nous se libèrent lorsqu’une autorité légitime nous le permet

  • La tendance à l'obéissance est grande puisque 65% des sujets renoncent à la loi morale, qui leur est connue, selon laquelle l'on ne doit pas faire souffrir un innocent sans défense

  • Cette tendance s'exprime sous une extrême tension, alors que l'on aurait pu supposer que les sujets, selon leur conscience morale, auraient tout simplement renoncé ou continué

  • Les résultats étonnants de l’expérience montrent que l'absence de sens critique face à l'autorité empêche l’individu de réagir de manière consciente et volontaire en lui désobéissant, comme ce devrait normalement être le cas quand l’ordre intimé est injuste

  • Ces résultats bouleversent les idées reçues sur les individus composant les pays démocratiques – en effet, 2/3 de la population sont capables de torturer quelqu’un qu’ils ne connaissent pas sous l’influence d’une autorité – et permet d’expliquer en partie le phénomène de l’adhérence à un génocide (2nde guerre mondiale, Rwanda, Darfour, ...), la participation à la torture sous les régimes totalitaires (Pinochet, ...), ou encore les formes de tortures qui ont (eu) lieu dans la prison d’Abou Ghraib ou dans le camps militaire de Guantanamo par exemple.

Anecdotes

  • Cette expérience historique de psychologie sociale date de 1963 et a été mise en image dans le film " I comme Icare " avec Yves Montand.

  • Tous les sujets « professeurs » testés ont suivi une psychothérapie suite à cette expérimentation. En effet, ceux qui sont allés jusqu’à tuer quelqu’un, par soumission à l’autorité, ont été fortement choqués.

8 janvier 2008

Conformisme

"La plupart des hommes sont incapables de se former une opinion personnelle mais le groupe social auquel ils appartiennent leur en fournit de toutes faites." - Gustave Le Bon, dans "Aphorismes du temps présent".

Conformisme

On appelle conformisme, la situation dans laquelle les pressions sociales existantes, sans être explicites, conduisent à un processus de changement d'opinion, de comportement ou même de perception d'un individu dans le sens d'une ou plusieurs personnes considérées comme la source d'influence.

Moutons de Panurge

MoutonsDePanurgePanurge est un personnage de François Rabelais, compagnon de Pantagruel, le fils de Gargantua. Pendant leur voyage au « Pays des Lanternes », Panurge se prit, en mer, de querelle avec le marchand Dindenault. Pour se venger, il lui acheta un de ses moutons, qu'il précipita dans la mer. L'exemple et les bêlements de celui-ci entrainèrent tous ses congénères et le marchand lui-même, qui, s'accrochant au dernier mouton, se noya.

L'expérience de Solomon Asch (1956)

aschligneCette expérience met en jeu un groupe composé 10 personnes : 9 complices du chercheur et le véritable sujet de l'expérience qui ignore que les 9 autres sont des complices. La tâche proposée au groupe est la suivante : il va s'agir de comparer une ligne témoin à trois autres, parmi lesquels une seule a la même longueur que la ligne témoin. Mais ce qui est réellement mesuré n’est pas la perception ou l'intelligence, mais la résistance à la pression sociale.
Comme on le voit, cette tâche est d'une simplicité enfantine et devrait se solder par une performance avoisinant les 100% pour tous les sujets. Chacun d'entre eux répond à tour de rôle et à haute voix, le sujet « naïf » étant placé en avant-dernière position. On réalise 18 essais ; dans 12 de ces essais, les « complices » donnent une mauvaise réponse de manière unanime. Les résultats montrent que dans cette situation, 33% des sujets « naïfs » donnent une réponse conforme à celle des « complices »; 75% se ralliaient au moins une fois au groupe.

Dans les conditions normales de l’expérience, un tiers des personnes cédent à la pression du groupe, soit pour éviter un conflit en sachant parfaitement qu’ils donnent une mauvaise réponse ou alors en reniant totalement ce qu’ils ont pourtant vu de leurs yeux.

Comment expliquer le conformisme ?

dominoDans une situation de groupe, l'unanimité plaide en faveur d'une opinion et les individus qui le compose craignent la désapprobation sociale. Le conformisme s'explique donc par deux types d'influence : une influence informationnelle (le groupe a raison contre l'individu) et une influence normative (il est plus dur de subir la désapprobation que de se conformer).

Cette expérience permet de comprendre les effets de foule, et la facilité qu’il y a à les manipuler. Elle donne raison à George Orwell et ses personnages vivant dans l’état totalitaire de "1984" qui finissaient par reconnaître que "2+2=5".

Une seule voix

Une solution pour combattre cet effet existe pourtant. Si dans le groupe qui parle il n'y a plus d'unanimité et qu’au moins un individu donne une réponse différente, les chances que l'individu suivant cède à la pression passent de 33% à 5%.

C’est scientifique, même dans les assemblées apparemment unanimes, une seule voix fait la différence.

seulecontreTous

Anecdotes

  • Dans une université aux USA, une étude ayant révélé que seulement 33% des jeunes buvaient (alors que les etudiants étaient persuadés que casi tout le monde boit) a permis de faire diminuer la consommation d'alcool de manière stupéfiante. Beaucoup d'étudiants ne se sentaient plus obligés de boire pour faire comme les autres et appartenir au groupe.
  • Une fois un groupe constitué, ses membres vont tendre à se conformer à ce qui se dit ou fait dans le groupe. Ce conformisme n'est toutefois systématique, mais surtout très fort en cas d'agression de l'extérieur du groupe. En d'autres termes, chaque membre d'un groupe peut adopter un comportement, des attitudes sensiblement différentes des autres membres du groupe. En cas d'aggression extérieure, les membres vont se " serrer les coudes " et adopter une ligne de conduite très unie, généralement calquée sur celle du meneur -- " Ils sont comme moi, et je suis comme eux ". Ce comportement est souvent observé par les enseignants, qui sont souvent surpris de l'unité d'une classe lorsque survient une menace extérieure (c'est-à-dire, d'eux-mêmes). Les élèves, par exemple, pourront faire bloc pour éviter qu'un des leurs soit puni.
  • Le conformisme est une attitude de soumission passive aux normes et valeurs du groupe.   Il s’agit d’un trait commun à tous les primates, créatures vulnérables dont la survie individuelle passe par celle du clan. Tout comme les singes, les humains apprennent en imitant leurs semblables.
  • Au plan des communautés et des peuples, les méfaits du conformisme vont de la sottise des chauvinismes sectaires, aux horreurs du racisme, de l’intégrisme, des totalitarismes d’extrême-gauche comme d’extrême-droite et des génocides. Pas de guerres sans armées, ni d’armées sans conformisme. Ce n'est pas pour rien que l'on impose aux soldats l’uniforme et la marche en cadence...
  • Il arrive parfois que lors d'une réunion une décision irrationnelle soit prise, même si les individus du groupe auraient personnellement pris une autre décision. Dans une telle situation de pensée de groupe, chaque membre du groupe essaye de conformer son opinion à ce qu'il croit être le l'avis du groupe sans se poser la question de ce qui est réaliste. La conséquence est une situation dans laquelle le groupe finit par se mettre d'accord sur une action que chaque membre du groupe croit mauvaise. C'est ce que l'on appelle la pensée de groupe (illusion d’invulnérabilité, croyance en la supériorité morale du groupe, justification collective des décisions, transformation de l’opposant en stéréotype, pression de la conformité, autocensure, illusion de l’unanimité, peur de devenir dissident au sein du groupe, ...)
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8 janvier 2008

Les piments


"Toute la pluie n'enlève pas la force d'un piment." - Proverbe Guadloupéen


Histoire du piment

aztecaLe piment fut l'une des premières plantes à être cultivées en Amérique du Sud, il y a 7 000 ans. Les Aztèques qui ont été les premiers utilisateurs du piment le préparaient avec du cacao pour faire une boisson censée donner du courage. On l’utilisait aussi pour ses propriétés médicinales, comme condiment ou comme légume. Christophe Colomb le ramène du nouveau monde et Magellan l'introduisit en Afrique et en Asie.

Au début, sa culture n'était faite qu'à des fins décoratives, par la suite on l'apprécia pour son utilité culinaire.

S'adaptant très facilement, il s'est propagé rapidement à tel point qu'on le cultive maintenant sur tous les continents.


La plante

piment_plante 

Le piment, fruit de plantes originaires d'Amérique du Sud et centrale, appartient à la famille des Solanacées (poivron, aubergine, pomme de terre, tomate, tabac, belladone, tamarillo, alkékenge, ...). La plante ne supportant pas le gel elle pousse dans toutes les régions tropicales, jusqu'à 2000 m d'altitude.

Elle est l'une des épices des plus faciles à cultiver, et ce aussi bien en climat tropical que tempéré. Les graines gardent leur pouvoir germinatif pendant 2 à 3 ans, ce qui a facilité la diffusion du piment sur tout le globe. C'est au Mexique et aux Antilles que l'on retrouve la plus grande variété. La majorité des espèces sont replantées tous les ans car elles perdent du piquant après la première année.

Il pousse sur un plant pouvant atteindre 1,5 m de haut. Il existe plusieurs espèces de piments dont deux sont plus importantes en cuisine; l'espèce annuum et l'espèce frutescens.

La fructification du piment (gousse plus ou moins charnue renfermant de nombreuses graines) prend de nombreuses formes (allongés, ronds, pointus, ...) avec des dimensions très variables (de quelques centimètres à plus de 25 cm) et des couleurs variées (rouge, orange, jaune, vert, mais aussi marron, noir, violet, voire blanc). La saveur quant à elle peut-être douce comme le poivron ou violente comme les Habaneros.

Les principaux producteurs sont l’Inde, le Mexique, la Chine, le Japon, l’Indonésie et la Thaïlande.

Les différentes espèces

ajiLe terme générique du piment est Capsicum (nom du principe actif piquant). Il comprend vingt espèces et quelque 300 variétés de plantes produisant les piments et les poivrons. Les 3 espèces principales sont les: Capsicum annuum, Capsicum frutescens et Capsicum chinense.

  • Annuum : Poivrons, piments doux, de Cayenne.

  • Frutescens : Piments forts appelés tabasco.

  • Chinense : Habaneros, Scotch Bonnets et Congo Peppers, tous particulièrement explosifs.

La saveur piquante

Capsaicin

La source de l'irritation et de la sensation de chaleur produite par les piments provient de la Capsaïcine (C18H27NO3), un composé chimique incolore, cristallin et amer qui caractérise le genre Capsicum.

La présence de cet alcaloïde est ce qui différencie cette famille des autres groupes, car sa présence n'existe dans aucune autre plante.

A noter encore que la composition du principe piquant variant d'un type de piments à l'autre, elle donne lieu à des piments qui piquent soit en bout de langue, soit au fond de la bouche. 


L’échelle de Scoville

piment_etoileIl existe une échelle pour mesurer l’intensité des piments. Il s’agit de l’échelle de Scoville, conçue en 1912 par un certain Scofield, et qui permet de mesurer la concentration du taux de capsaïcine contenu dans un piment, et d'ainsi classer celui-ci selon son nombre d'unités "scoville". A chaque piment correspond une fourchette (selon l'ensoleillement ou l'humidité des piments d'un même type peuvent présenter des différences).

Originellement basée sur des tests de dégustation, l’échelle a désormais basée sur des tests chimiques. Cette échelle étant relativement complexe, on peut la simplifier en ne retenant que 10 unités, allant de 0 à 10, pour répertorier tous les piments.

Unités Scoville

Produit ou variété de piment

0

poivron

100 – 500

paprika doux, piments doux et certains poivrons

500 – 1 000

piment Anaheim

600 – 800

sauce Tabasco verte

1 000 – 1 500

piment Poblano

1 500 – 2 500

piment Rocotillo

2 500 – 5 000

sauce Tabasco rouge

2 500 – 8 000

piment Jalapeño

5 000 – 10 000

piment jaune Hungarian Hot Wax

7 000 – 8 000

sauce Tabasco rouge Habanero

10 000 – 23 000

piment serrano

30 000 – 50 000

piment de Cayenne

30 000 – 60 000

piment oiseau ou Pequin

50 000 – 100 000

piment Thaï Hot

100 000 – 300 000

piment rocoto

100 000 – 325 000

piment habanero, Scotch bonnet (bêret écossais)

350 000 – 577 000

piment Habanero, variété Red Savina

855 000

piment Naga Jolokia ou Tezpur

876 000 – 970 000

piment Naga Dorset

1 000 000

piment Bhut Jolokia (le plus fort du monde)

2 000 000 – 5 300 000

bombe d'auto-défense légale

8 600 000

homodihydrocapsaïcine et homocapsaïcine

9 100 000

nordihydrocapsaïcine

15 000 000 – 16 000 000

capsaïcine pure (C18H27NO3),  dihydrocapsaïcine

Les bienfaits du piment

piment_vertues

La majorité des propriétés du piment sont dues à la Capsaïcine: décongestionnant, expectorant, calmant, stimulant gastrique, excitant, diurétique, révulsif (externe), rubéfiant (externe); prévention des cancers, thromboses et hémorroïdes, traitement des migraines et des douleurs rhumatismales. Consommé frais, il favorise la digestion des féculents, est stimulant, apéritif, stomatique, tonique et diminue les risques cardiaques. Il est en outre doté d'une forte teneur en fer, oligaux-éléments et vitamine C. Il est aussi un antidouleur et un désinfectant puissant, favorise la digestion et aide la circulation sanguine.

  • Le piment prévient la formation de caillots sanguins en améliorant la fluidité et la circulation du sang.
  • Il semblerait que la capsaïcine empêche les composés carcinogènes de s'attacher à l'A.D.N. des cellules (cancer).
  • La capsaïcine fait saliver, active et favorise la digestion.
  • Elle est utilisée également par la médecine comme antiseptique, vasodilatateur et stimulateur neural dans des dosages très précis selon les besoins.
  • Lorsqu’elle est appliquée sur la peau, la capsaïcine provoque une sensation de chaleur qui atténue la perception de la douleur. On la prescrit souvent aux patients atteints d’arthrite. Il est important de respecter la posologie pour éviter des brûlures.
  • Le piment a des qualités antiseptiques du à l'inflammation intestinale qui stimule les défenses immunitaires et barre la route aux bactéries.

En plus de tout ça, la capsaïcine a la faculté de former une paroi grasse à l'intérieur de l'estomac, ce qui atténue considérablement les effets de l'alcool.

Caractéristiques diététiques

chile_habaneroLe piment est le légume frais le plus riche en vitamine C (130 à 160 mg aux 100 g): une portion de 50 g consommée crue (ou 150 g cuite) assure la totalité de l'Apport Journalier Recommandé. Il est également riche en carotènes (provitamine A) et vitamine E, affichant ainsi le parfait trio anti-oxydant préventif des maladies cardio-vasculaires et de certains cancers. Il est très peu énergétique (20 kcalories aux 100 g), ce qui l'autorise dans les régimes minceur dont il renforce l'apport en vitamines, en minéraux et en fibres (2 g aux 100 g). Par ailleurs, il accélère le métabolisme de 25%, ce qui provoque une consomation de 45 calories supplémentaires.

Cuisine

Côté préparation, il faut savoir que plus la cuisson est longue plus le piquant est prononcé. Pour atténuer sa force, tremper le piment 1 heure dans 3/4 de vinaigre et 1/4 de sel. La capsaïcine, principe piquant est surtout localisée dans les peaux blanches et les graines, ce qui fait que les piments forts frais sont habituellement pelés et épépinés avant d’être utilisés.

Les piments frais se conservent environ une semaine au réfrigérateur dans le bac à légumes. Comme tous les légumes, il est préférable de ne les laver qu’au moment de les utiliser. On peut aussi congeler les piments une fois blanchis (plongés dans l’eau bouillante pendant environ 3 minutes) et pelés. Les piments séchés et la poudre de piments se conservent au moins un an dans un contenant hermétique à l’abri de la lumière et de l’humidité.

recolte_piment

Les piments forts sont largement utilisés dans la cuisine mexicaine et on trouvera donc de bonnes recettes de ce côté-là. Mais aussi du côté basque, avec le fameux Piment d'Espelette – le seul qui bénéficie d'une AOC – ou de toute bonne cuisine des Caraïbes, d'Afrique ou d'Asie.

Le piment entrera bien entendu dans n'importe quelle recette à laquelle on jugera opportun de l'associer, mais il se mariera particulièrement bien avec les mets à base de sauce tomate, les oignons, l’avocat, le maïs, les légumineuses, les fromages doux, la volaille, le poisson et les fruits de mer. Il s'associe aussi fort bien avec de nombreuses herbes aromatiques et épices: coriandre, gingembre, girofle, basilic, origan, cannelle, poivre, cumin, fenouil, etc. Farcis au fromage, frit dans une panure, mélangé au guacamole, présenté sous forme de pâte (harissa), de sauce (tabasco) ou de poudre (curry), le piment peut aussi faire s'inclure dans des desserts ou des cocktails alcoolisés... Son utilisation ne connaît de limites que celles de son cuisinier!

sauces

Insolite, divers

  • Le Poivre noir appartient à la famille botanique "Piper Nigrum" et non "Capsicum" A son arrivée en Amérique, Christophe Colomb appela les piments rouges «poivre», pensant qu'ils étaient apparentés au poivre noir.

  • La brûlure des piments oblige l'organisme a libérer des endorphines (molécules proches de la morphine), ce qui déclenche une sensation de bien être et explique le développement d'une dépendance et accoutumance aux piments.

  • S'il va de soi que la brûlure du piment ne fera qu'accroître des douleurs engendrées par des lésions déjà existantes (gastrites, ulcères, …) en aucun cas le piment ne créera de lésions à lui tout seul, ce qu'a démontré formellement la Société Américaine des Maladies Digestives.

  • C’est dans le piment (paprika) que la vitamine C fut isolée par un chercheur hongrois du nom de von Szent-Györgyi en 1932. Il reçut d'ailleurs le Nobel en 1937 pour cette découverte capitale.

  • Selon Audrey McElroy de l'Université de Virginie, il suffirait de nourrir des poulets avec des piments pour éviter le développement de salmonelles. La chercheuse américaine a élevé quelques 1'530 poulets avec du maïs et du soja agrémenté de capsaïcine. Dans un deuxième temps, elle a soumis les mêmes gallinacés aux germes de la fameuse bactérie: verdict: la consommation de piment augmente sensiblement la résistance des poulets à la salmonelle sans pour autant changer leur goût.

  • La Capsaïcine étant soluble dans un corps gras et pas dans l'eau, évitez de boire pour chasser la brûlure: cela ne ferait que la diffuser davantage. Le mieux est encore de prendre du pain, ou du riz, ou des bananes.

  • Si vous servez un plat plutôt épicé à vos invités, pensez à mettre sur la table une corbeille à pain ou à servir du riz nature. Pensez aussi à inclure dans votre menu du lait et du yogourt – par exemple au dessert – afin d’apaiser le feu en bouche.

  • Le 7 octobre 2007, les effluves d'une décoction de piments, que le cuisinier d'un restaurant thaïlandais de Londres " Le Thai Cottage" préparait, a provoqué une alerte terroriste. La police, ayant cru y déceler un nuage toxique, a bouclé le quartier, vidé les magasins de leurs clients et évacué les appartements. Un cordon de sécurité a été établi autour du restaurant et un service d'ambulances a déployé une unité de réponse en zones à risques. Les pompiers ont revêtu leurs combinaisons spéciales, ont suivi la trace des émanations et enfoncé une porte pour découvrir l'origine de l'alerte: la sauce "nam prik pao" à base de piments grillés du chef Chalemchai Tangjariyapoon.

  • Le venin de la tarentule Psalmopoeuscambridgei, originaire de Trinité et Tobago, contient des toxines qui ciblent les récepteurs de la douleur, les mêmes que les piments rouge. La capsaïcine, responsable de la sensation de piquant du piment rouge, a le même effet, selon les résultats du groupe de chercheurs publiés dans la revue Nature.

  • Les Mexicains consomment chacun en moyenne 8 kgde piment par an.

  • Autour de Kiwandja, dans l’est du Congo, la présence d’éléphants cause de nombreux dégâts dans les cultures des villages environnants. Situés en bordure du parc national de la Virunga, les champs subissent depuis cinq ans les incursions dévastatrices des pachydermes qui piétinent et engloutissent les maigres récoltes des habitants. Le Fonds mondial pour la nature (WWF) est en train de mettre en œuvre une méthode originale pour protéger les semis et les cultures : il s’agit de protéger les champs par une barrière, naturelle, en plantant tout autour d’eux une ceinture de piments d’environ dix mètres de large. Les éléphants n’aiment vraiment pas l’odeur dégagée par le piment rouge et sont contraints de rebrousser chemin. Cette technique « pili-pili » a déjà était testée avec succès au Kenya et au Zimbabwe.

  • Un mélange de poudre de piment, d'ail et d'aneth permet d'éloigner les fourmis des plantes d'un jardin.

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